Beaubourg, c'est un vieil ami. Le centre Georges Pompidou est mon premier souvenir de Paris (avec le métro et les affiches de "Grrr"... autre niveau), alors que j'avais sept ans, et aucune idée que dix ans plus tard, je pourrai m'y rendre à volonté.
J'arrive donc en habituée (je fais genre, mais en vrai je ne vais pas souvent aux expos - c'est la librairie et la place que je fréquente...). Pas besoin de faire la queue ni de prendre un billet, moins de 18 ans oblige et ça, c'est cool.
J'avais encore une fois beaucoup entendu parlé de cette expo, et j'avais déjà vu une ou deux toiles isolées, à l'expo Stein cet hiver au Grand Palais, et je ne sais plus où, Le Violoniste à la fenêtre qui m'avait causé une vive émotion. Cette fois, je ne vais voir que du Matisse, à la suite et surtout par Paire et série. Sous-titre qui m'a laissé un moment perplexe. Alors oui, d'accord, on retrouve des éléments répétitifs, on les associe, effectivement... mais au delà de ceci, je ne comprenais pas bien. C'est à dire qu'en voyant les toiles, j'ai senti que quelque chose m'échappait - quelque chose d'essentiel puisqu'il s'agissait finalement de la démarche artistique de Matisse.
Grâce à la lecture attentive des prospectus ainsi que mon (intolérable!) incruste dans un groupe avec un guide, j'ai compris. Un conseil, donc : prendre un guide. Attention, pas audio, ça gâche tout le plaisir et on ne peut pas poser de questions à un machin qui crachote dans les oreilles. Non, il faut s'infiltrer dans un groupe guidé, lire tout ce qui écrit sur les murs et sur les papiers. Mais aussi bien sûr apprécier et ressentir.
Ainsi donc, je vous propose trois étapes, trois tours de l'exposition successifs qui, au moins pour celle-ci (parce que par exemple pour Burton, il n'était pas nécessaire d'y rester trois plombes), assurent une appréciation totale des oeuvres.
Tout d'abord : on arrive et on veut tout voir, surtout les tableaux qu'on préfère, c'est normal. Allez-y, lâchez-vous. Ruez vous. Et, au détour d'un mur, laissez échapper un "oh !" de surprise : on ne le connaissait pas celui là, qu'il est beau ! C'est le but de cette première étape : découvrir, sentir, apprécier ou... rester sceptique (ce qui ne m'arrive jamais sans un terrible sentiment de culpabilité).
Mince, c'est beau. Voilà. |
Ensuite, s'incruster dans un groupe. On apprend alors pourquoi on a été impressionné, et on n'est plus sceptique devant aucune toile. J'ai ainsi compris l'intérêt des paires et surtout des séries : Matisse désirait montrer les différentes étapes de son travail, sa recherche. Ceci dit : tout le monde paraissait surpris du fait que Matisse ne peignait pas d'un seul coup, d'une seule fois, ses toiles... sans blague, les mecs, faut arrêter. Un jour on va me sortir que Zola a écrit les Rougon-Macquart en une nuit...
Gros avantage : grâce au premier passage, même si on ne voit pas très bien les toiles (car l'incruste exige d'être derrière ceux qui ont payé le guide, quand même) on sait de quoi le guide parle.
Bon et ça aussi. |
Enfin, après avoir ainsi compris moult choses (dans mon cas, le plus important : le but, la démarche, l'apport de Matisse à l'Art que je cacherai ici car le but est que vous alliez le comprendre vous-même, et toc), autorisons-nous un troisième tour des toiles. Les visites guidées sont passées, il n'y a plus personne et on peut observer à loisir, de près et de loin - tout se combine, ressenti et connaissance, et le plaisir atteint est au sommet.
La dernière série qui allie couleur et forme. |
Durant tout ce parcours, ne pas oublier de regarder les gens! Les gens, cette espèce étrangère et familière qui, au ciné comme aux expos, révèle un comportement vraiment particulier. Ceci dit, à Beaubourg, on est quand même loin de l'esprit Puit du fou ou Versailles (exclamations bruyantes, chips pour l'un - japonais et flash photographiques pour l'autre) et ça, c'est bien.
P.S : les photos viennent de mon ami Google, et du coup vous imaginez bien que les couleurs sont dix fois moins belles que dans la réalité.
P.P.S :
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