Il ne s'agit que d'une petite chose, un petit rôle dans une petite pièce montée par des petits lycéens - peu importe. Cette heure et demi par semaine, c'est la faille, la brèche qui me ramène à l'enfance, à ce qui constitue mon point de départ, mon essence, ma naissance.
Travailler, donc. Un rôle. Devenir quelqu'un d'autre : changer de sexe, de langage, de figure et de nature. Et pour cela, utiliser tout ce qu'on a en soi qui peut se rapprocher de ces éléments, car on ne peut jouer (malheureusement ?) sans montrer un peu de son intérieur. Alors je travaille. Et je deviens homme, je deviens le malheur, le désespoir quotidien et l'exaspération. Je deviens "négatif", puis "antipathique et détestable". Ca doit être drôle cependant, ô difficulté... Eternel débat, est-ce plus difficile de faire rire ou pleurer ?
Quel est le but de ce personnage ? C'est un simple reflet, un personnage dans le personnage, et qui sert le héros. Héros en face, désespérément joué par une autre entité, un autre humain qui n'obéit pas à ma volonté, qui échappe à tout contrôle ! Réponds-moi ! Regarde, je te fais un signe, réagis, embraye ! Non, il part sur autre chose, je le suis, mais comme une imbécile je tiens à mon idée, tiens je te la remets devant les yeux, allez !
Rien à faire. Ainsi va le théâtre (ce mot si majestueux, j'ai honte de l'utiliser), on se bat entre ses désirs et ceux des autres. Ainsi va l'écriture avec son éditeur, ainsi va le cinéma, ainsi va la musique (la musique, oui, plus que tout le reste), ainsi va la vie ?
Godness, quelle difficulté alors. Quel défi. Quel bonheur.
P.S (qui n'a rien à voir, ou pas) : allez écouter ça, émission du reste à écouter chaque semaine : http://www.franceinter.fr/emission-eclectik-alexandre-astier
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