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"Il ne faut pas juger les gens sur leurs fréquentations. Juda avait des amis irréprochables." VERLAINE*

mercredi 26 décembre 2012

Edward Hopper au Grand Palais.

Enfin ! Enfin je l'ai vue, cette exposition dont on m'a mille fois vanté les mérites ! Enfin j'ai vu Nighthawks, Conférence Nocturne, Sun Empty Room et bien d'autres. Enfin.

Bien construite, l'exposition suit simplement l'ordre chronologique de la création des tableaux. Ainsi on découvre le travail de jeunesse de Hopper, dont quelques toiles parisiennes qui ne m'ont personnellement pas particulièrement enthousiasmée. En revanche les gravures m'ont beaucoup touchées car on y voyait déjà les premiers thèmes de Hopper : la solitude, la campagne américaine... une force puissante se dégage déjà de ses oeuvres. Mais en avançant encore on comprend que le peintre n'était pas satisfait et qu'il a ajouté la couleur. 



Summertime, où le soleil tape aussi fort que ces après-midis d'été, je veux dire les vrais.


La couleur, chez lui, est si... réelle, je veux dire qu'elle a cette puissance d'un rayon de soleil qui vous ébloui -  ce qu'un appareil photo n'arrive même pas à capturer, Hopper le rend avec une fidélité incroyable. C'est pourquoi se retrouver devant les originaux était bien plus bouleversant que de feuilleter le grand livre à la maison. Autant parfois la réalité nous déçoit (comme avec La Joconde... frustration d'enfance jamais vraiment digérée), autant cette fois-ci plusieurs toiles ont été un vrai moment de bonheur et d'émotion, surtout  House by the railroad, devant laquelle je me suis arrêtée longuement. 



Toute cette émotion a été rendu possible par l'absence de foule (entité que je redoute si souvent et particulièrement cette fois-là). Est-ce par ce que je m'y suis rendue le 24 décembre ? Toujours est-il que l'on pouvait contempler librement tout ce qu'on voulait, et ça c'était chouette. La mise en espace était très pertinente, les tableaux pouvaient "respirer" à l'aise et nous aussi. La lumière utilisée mettait particulièrement les tableaux en valeur SAUF... 

Sauf Nighthawks ! Située à la fin de l'exposition, l'oeuvre subie tous les défauts possibles : reflets de gens, de vitre et surtout, horreur ! Du lumineux panneau vert "sortie". 
Autre petite déception mais ça, personne n'y est pour rien : il n'y avait pas L'ouvreuse, mon préféré sans doute parce qu'il "parle" de théâtre, de femme et de solitude. Peut-être que je le trouverai un jour. 

Si c'est encore possible, il faut courir voir cette exposition, elle est vraiment fabuleuse. Vraiment.


mardi 25 décembre 2012

Le journal d'Anne Franck, Eric Emmanuel Schmidt

Lorsque j'en ai entendu parler il y a quelques mois, je ne pensais pas aller voir cette pièce. Tout d'abord parce qu'il me paraissait difficile de réaliser une bonne adaptation de ce livre qui m'avait à la fois touchée, fait rire, ennuyée un peu aussi (on tourne parfois en rond en même temps qu'Anne, enfermée et cachée pendant deux ans avec les mêmes personnes). Il y avait Francis Huster, c'est vrai, mais les extraits que j'avais visionnée de sa dernière pièce m'avaient conduit à croire qu'il n'était plus le même acteur qu'il y a trente ans, qu'il n'avait plus le même talent que lorsqu'il jouait Lorenzaccio (voir cet article enflammé). Bon, et puis les prix restaient hors de la portée de mon porte-monnaie. Mais par hasard, on m'a proposée une place à vingt euros avec en prime rencontre avec la jeune fille interprétant Anne Franck, dont on m'avait dit le plus grand bien.

Voilà donc ce qui m'a motivée : une rencontre avec Roxane Duran (dont j'ai appris par la suite qu'elle avait 19 ans et que son premier rôle avait été dans Le Ruban Blanc de Haneke...tranquille !) et un tarif réduit. 

Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir qu'il s'agissait d'une bonne adaptation, originale parce qu'adoptant un point de vue particulier (celui du père joué par Huster qui revient des camps et découvre le journal de sa fille) et parce que drôle (vraiment très drôle) et en même temps pesant, suivant le livre tout en ajoutant des passages bien écris et émouvants. 



Bon, tout ne marche pas parfaitement. Le début surtout. Gestes faux, voix affectées, temps long et l'on se demande si ça va véritablement être comme ça pendant deux heures. Mais une fois l'histoire lancée, une fois que tous les personnages sont enfermés dans l'Annexe, alors la pièce commence véritablement et on se laisse entraîner dans l'histoire d'Anne Franck. L'utilisation de la musique participe énormément à l'aspect léger qui régulièrement contrebalance l'atmosphère confinée et pesante de la guerre et de la peur. Du jazz, des tubes américains de l'époque, rien d'emphatique ni de cliché, sans pour autant que ça soit anachronique. De la même façon les personnages sont vivants tout en ne prenant jamais d'attitudes décalées par rapport aux années 1940. Petit bémol cependant pour le décor... peut-être qu'il était trop précis, qu'il y avait trop d'accessoires mais c'est mon côté "môdââirne" qui s'agite. 



Et Francis Huster alors ? Eh bien, il est bon ! Fatigué peut-être un peu, mais ça allait avec le personnage. Il est petit ! Il sourit peu, mais bien. Bref, je n'ai pas eu un autre regard que celui de la groupie ce soir-là, c'est ainsi. 

Et Roxane Duran alors ? Elle aussi elle est bien, même excellente. Surtout, elle nous l'a expliqué ensuite, pour quelqu'un qui vient du cinéma où l'énergie à fournir est très différente. Pour parler jeune, elle m'a "foutu le seum". Et la rage en même temps. L'état dans lequel je me suis trouvée après avoir parlé avec elle était celui, exacerbé, qui me hante depuis quelques semaines. L'hésitation entre les projets, les énergies à fournir. L'hésitation entre certains sacrifices, entre l'envie de se laisser aller et la nécessité de bosser. Cette même hésitation qui m'a poussée à écrire ici ce matin alors que je suis censée faire de l'histoire pour cet institut dont je ne sais plus si je l'aime ou le hais, Sciences Po. 



A voir alors ? Si vous avez 36 euros, oui. Sinon tant pis, regardez Le Ruban Blanc et le DVD de Lorenzaccio par la Comédie Française. Enfin, lisez Le journal d'Anne Franck. Parce que bon, hein, quand même.

samedi 22 décembre 2012

DES TAS DE CHOSES A DIRE.

J'ai retrouvé Joann Sfar sur Télérama, même si c'est plus comme avant. J'ai vu Le journal d'Anne Franck, écrit et mis en scène par Eric Emmanuel Schmidt (rien que ça) avec Francis Huster (le "petit" nouveau dans ma cérémonie des Oscars personnelle), j'ai rencontré Roxane Duran qui joue Anne et ça a provoqué des tas de réflexions dans mon petit cerveau. J'ai vu des courts métrages superbes dont j'aimerai dire deux mots. J'ai tourné aussi. Et je retourne ce matin, mais pour autre chose.

Je travaille plus trop, mais je vis et faudra bien que je l'écrive un peu ici. En attendant... des photos. Encore !




jeudi 20 décembre 2012

Lettre à Depardieu.

Cher Gérard Depardieu,

Votre nom est dans ma description sur ce blog. Ca peut ne pas vouloir dire grand chose, mais en réalité ça signifie qu'avant, vous faisiez partie de ma personnalité, ou du moins de sa construction. Pour moi vous êtes un peu Obélix quand j'avais dix ans, ou encore Mammuth quand j'en avais quinze. Mais vous êtes surtout Cyrano, dans la première interprétation de cette tirade géniale, de cette pièce incroyable qui demeure la seule que j'ai lue avant de voir, la seule que j'ai lue avec tant de plaisir alors que j'avais 8 ans. Vous êtes arrivé dans mon tiroir à références au même moment que Gabin, et d'ailleurs c'est vrai que beaucoup vous ont comparé à lui. 

Mais Gabin il serait pas parti. 

Il faut comprendre la place que vous aviez dans ce tiroir à références, ce tiroir à rêves, à modèles... à pères. Oui, vous faisiez partie de mes pères imaginaires, mes pères de substitution, ceux que je dessine quand ça va pas et que j'imagine me consoler quand il fait trop noir la nuit. 

Mais vous partez. 

Et vous quittez également ce tiroir, vous passez à celui du cynisme. Je m'invente un regret, c'est vrai, je m'invente une tristesse. Mais c'est comme ça, j'ai l'impression de vous avoir perdu. Et je pense que je suis pas la seule, et je pense que vous allez me manquer. 

Romane G.




mercredi 19 décembre 2012

Soleil, Italie, glace - anachronique.

Hier soir je suis allée voir le concert de Noël de Radio France. C'était chouette. Mais je veux pas écrire sur ça. Je veux écrire sur ce retour en RER durant lequel il y a eu un tout petit minuscule évènement qui m'a donné envie de... eh bien de tout ce qu'il y a dans le titre. Il y avait une dame, assise à côté de moi, qui sentait la citronnelle. Dans son sac il y avait des draps blancs, qui sentaient la citronnelle. Il était 23h, ça puait la pisse et la fatigue et d'un seul coup, la citronnelle.

Il y a cinq ans, peut-être moins, je suis partie en Italie. Et dans ma chambre il y avait des draps blanc, et une petite bassine pour se laver la figure, avec une petite serviette en coton blanc pour s'essuyer. Je m'étais crue dans le Hussard sur le toit et je m'étais amusée à me laver comme dans la première scène de ce film (référence, référence, quand tu nous tient, cette image est de plus introuvable sur internet, faut regarder le film en entier et lire le roman tant qu'on y est).

Alors j'étais dans le RER et je me rappelais tout ça, et puis après j'ai eu dans le coeur du Paolo Conte, et des envies de soleil mais pas le soleil pâle de l'hiver (très beau en soi, qu'on ne se méprenne pas). Non je voulais le gros soleil bien jaune de l'Italie en été, quand on se promène à Rome et qu'on en peux plus, qu'on a les pieds pleins de poussière et qu'on s'assoit à l'ombre d'une petite église pour déguster une glace. Voilà, j'ai envie de Paolo Conte, mais je retourne aux lumières rouges et vertes, à la nuit dès 17h et à mes maths.


samedi 15 décembre 2012

Nouveau.

Enfin nouveau, j'en sais rien. En tout cas c'est la deuxième fois qu'un de mes projets vidéo est suffisamment abouti pour que je le mette en ligne. D'ici un mois, j'espère pouvoir en mettre un autre et ce sera un vrai court-métrage, un truc qui a été écrit en une nuit et qui est devenu voix, corps, nourriture, image et son. On était d'ailleurs censé le tourner hier soir, mais contretemps. Du coup j'ai fini celui-là. 

Je l'ai revue ce matin en la mettant en ligne, juste après avoir appris ce qu'il s'était passé à Newtown. Et ce qu'il y a dans cette vidéo, c'est finalement peut-être tout ce qu'il se passe dans ma tête à chaque fois que je découvre que l'humanité c'est pas trop trop ça. J'sais pas.  


(par contre la qualité est catastrophique je suis dégoûtée)


dimanche 2 décembre 2012

Lonely Woman.


Racine par la racine, Serge Bourhis

Attention ! Pour une fois je vais être positive sur une pièce, c'est très exceptionnel ! Non pas que je sois un public difficile, c'est juste que d'habitude ici je ne parle que de ce que je n'aime pas. Mais là, je crois qu'il faut que je me force un peu, ils le méritent.

Le charme vient tout d'abord du lieu. Juste derrière Beaubourg, le théâtre Essaion est minuscule et très bien caché - par conséquent c'est avec un immense bonheur qu'on finit par le trouver : ouf, on ne sera pas en retard... ! Tout en pierre de taille, c'est à la fois un cabaret et un théâtre. La salle est sans doute la plus petite que j'ai vue et cela lui confère un charme irrésistible.

Donc premières conditions parfaites... mais rappelons-nous de Dom Juan (et je ressasserai sans cesse cette déception...) ! C'est avec un enthousiasme curieux que je me prépare à regarder (oui, c'est une préparation qui nécessite d'être parfaitement installé et si possible d'avoir le coeur battant). Cette curiosité était en réalité plus proche du scepticisme amusé : me faire aimer Racine, il y allait avoir du boulot... mon dernier souvenir de ce tragédien remontait à l'année dernière, j'avais voulu lire Bérénice et je m'étais ennuyée !... Mais je ne sais pourquoi, j'ai su tout de suite que j'allais pouvoir faire confiance aux comédiens et à la pièce, que ça allait marcher.



Oui dès le début, dès le premier tableau, on sait. On sait que c'est bon, juste. Les effets de mise en scène sont tous réussis bien que réalisés avec trois fois rien. Les blagues sont bien tournées, et les vers de Racine s'élèvent soudain comme si leur véritable nature m'apparaissait enfin. Ce qui fut très beau de la part des comédiens, c'est la facilité qu'ils avaient (surtout une comédienne, Caroline Hartpence) de passer du comique au tragique. Et pas au tragique dramatique, non le vrai tragique avec la fatalité qui écrase les personnages et les rend si beaux. Oui, on a rit et pleuré ce soir-là.



Je reviens sur Caroline Hartpence. Son jeu m'a intriguée. Elle est incontestablement douée. Et lors du dernier tableau, alors qu'elle joue Phèdre dans la célèbre pièce éponyme, alors qu'elle murmure ces mots si puissants: 


" Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue; 
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue; 
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir, et brûler..."


Des larmes se mettent à couler 
sur ses joues, de vraies belles larmes et elle tremble et c'est vraiment Phèdre qui est là. 




Et en même temps, je n'ai pu m'empêcher de me demander si c'était vraiment ce qu'il fallait faire... pleurer autant ! En faire autant, vraiment c'est ça le théâtre, la tragédie ? 


Bon après je me suis renseignée, elle a fait Acting International et le cours Florent, tu m'étonnes qu'elle sache pleurer. 

C'était émouvant. Peut-être que tant que c'est émouvant, il n'y a pas de reproche à faire aux artifices utilisés pour y parvenir ? Et puis c'était bien écrit et bien mis en scène. Que demander de plus, à part qu'ils jouent au théâtre éphémère et que les Français aillent un peu jouer dans un caveau pour voir ce que ça fait... hum, l'amertume n'est jamais utile, pardon. 




Courez-y, ô vous mes trois lecteurs !