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"Il ne faut pas juger les gens sur leurs fréquentations. Juda avait des amis irréprochables." VERLAINE*

samedi 30 juin 2012

Tournage #3

Troisième journée de tournage, après plusieurs mois de suspension et de frustration. Mais enfin, nous arrivons à nous procurer une caméra, un costume, du temps. Encore une fois, j'ai du faire l'actrice, et encore une fois je me suis dit que diriger, être derrière la caméra, c'était bien mieux.

Tout d'abord parce que c'est plus rassurant. Mon amie, lorsque nous tournions la scène, savait si on allait devoir la refaire, si l'atmosphère et mon jeu convenait. Elle avait le film devant elle, elle observait, comprenait, contrôlait. 
Mais moi... perdue devant l'objectif, ne sachant que faire. Ou plutôt si, bien sûr, je savais exactement où je devais marcher, à quelle vitesse. Cependant je ne pouvais pas savoir si c'était bien, je ne pouvais pas comprendre et encore moins contrôler la scène. J'ignorais si on allait devoir la refaire ou pas. J'ai senti un vide - le même que l'on ressent parfois au théâtre mais en beaucoup plus angoissant parce que le public est là pour nous dire si oui ou non, on est bon. Cette fois je ne pouvais même pas regarder la seule qui pouvait me dire si c'était bien ou pas. 

Peut-être que c'est une grande partie de la profession d'acteur : être dans le vide, devant le vide. Et avec tout ce vide, se concentrer au maximum pour créer une atmosphère, une histoire, une émotion. Peut-être que c'est ça. 

Dans ce cas je ne suis pas bonne actrice, et je vais dès que possible me retrancher derrière mon papier, on ordi ou ma caméra. Là il n'y a pas de vide, seulement de la place pour déverser tout ce qu'on a à l'intérieur de soi. 



Parfois je me fais pitié parce que j'écris toutes ces grandes phrases qui au final ne forment que quatre tout minuscules paragraphes; parce que j'essaye de construire une réflexion à partir d'expériences infimes; parce que j'utilise un peu trop le rythme ternaire afin de faire comme si je savais écrire. 

dimanche 24 juin 2012

Le grand soir.


Delépine et Kervern, on l'avait vu avec Mammuth , sont des réalisateurs à part, en dehors, inclassables... et donc excellents. Le grand soir, alors, j'y allais avec enthousiasme. 

Pas le cas de tout le monde dans la salle, en particulier deux mecs qui ne savaient pas pourquoi ils étaient là, qui étaient entrés comme ça - c'est sûr, les pauvres, ils ont pas dû comprendre ce qui leur arrivait. Si on veut voir un film de Delépine et Kervern, faut être prévenu. Il faut savoir qu'ils ont faire Groland (monde à part également); d'un autre côté un film avec Brigitte Fontaine dedans... à quoi peut-on s'attendre sinon à quelque chose... d'en dehors ? 

Ce n'est finalement pas autrement que j'arrive à définir ce film. Ais-je aimé ou non ? Il y avait certes quelques longueurs : on reste comme les personnages immobiles, presque enfermés dans cette zone commerciale où les deux personnages reviennent sans arrêt. Mais "c'est bien plus beau lorsque c'est inutile", pas vrai ? 
En parlant de beau, on est gâté. Ce film est bourré de chouettes idées de plan, à l'humour noir bien grinçant, mais aussi à la poésie fantastique de ces deux bonhommes. Je voudrais évoquer en particulier les caméras de sécurité du Carrefour - les nombreux plans tournés ainsi sont juste géniaux. 

Je n'ai pas encore parlé des acteurs, et comment ne peut-on pas en parler ? Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel sont deux hommes que j'admire un peu plus à chaque nouveau film, à chaque année qui passe. Ils sont géniaux, ils s'amusent, ils décollent de la réalité en douceur (et on aimerait faire de même, mais finalement on y parvient pas, c'est un peu dommage) et restent loin, dans la "liberté punk". Brigitte Fontaine que j'ai évoqué est... elle est... elle est folle, de cette folie douce qui fait penser au premier abord que jamais on approcherait une telle personne... mais qui finit par nous donner envie au contraire de la connaître (peut-être afin de comprendre ce qu'il se passe dans cet esprit, comme elle le chante dans le film, "inadapté"). Qui reste-t-il ? Le père, les Wampas (dans leur propre rôle), le chien, Depardieu et Miss Ming... on comprend, lorsqu'ils apparaissent, pourquoi ils sont là, ce qu'ils apportent au film... Bref, ils sont utiles et après tout, c'est ce qu'on demande aux acteurs. 

Alors, faut-il voir ce film ? Bien sûr, mais comme je l'ai dit, il faut être prévenu. Connaître un peu l'univers de ces deux hommes. Après, uniquement personnellement dans mon intérieur profond, c'est presque exactement le genre de cinéma que j'aimerais faire. 

dimanche 17 juin 2012

Lettre.

(Alors je sais, je crée des nouvelles catégories tout le temps. Mais bon, c'est un peu ça la vie : on crée des catégories, des nouvelles passions, des tournages de pages blabla... bon et puis en fait on continue pas.)


Cher Monsieur Renaud Séchan,

Combien sommes-nous à vous écrire comme ça ? Peut-être que nous sommes peu. Je veux dire, sur du papier. Mais en tout cas, nous sommes beaucoup, beaucoup à vous écrire dans nos têtes. Je le fait depuis mes 5 ans, et je le fait encore, la preuve. 
Vous savez ce que c'est : on aime une personne, et les sentiments sont tellement divers que quand on y pense, ça sonne comme une évidence : bien sûr qu'on vous aime, comment ne pourrait-on pas vous aimer ? Alors on se dit, cette admiration, cet amour est tellement fort, pourquoi ne pas l'écrire ? Et là, c'est le drame : plus rien ne sort, c'est le vide, la panique et l'angoisse de la feuille blanche. Si je pouvais apprendre par coeur mes sentiments et faire comme au bac : sujet, RENAUD ET VOUS. Et hop, je me pencherai pendant quatre heures et ma plume gratterai avec folie, sans s'arrêter. 

J'ai déjà écris un paragraphe. J'espère que vous lisez. Bon bien sûr, celle-ci c'est comme les autres, je vous l'enverrai pas. Où d'ailleurs ? A la Closerie ? J'espère que vous n'y allez plus, si je l'apprend par Closer je viens vous voir et je vous engueule. A ce qu'il parait vous allez mieux. J'espère parce que vous manquez à la moitié de la France. 

Qu'est-ce que je pourrai vous écrire, finalement ? Que vous êtes la voix de mon enfance ? Que quand je vous écoute c'est mon Papa, c'est mon premier concert, c'est le droit de dire des gros mots ("parce que c'est dans une chanson") ? Est-ce que ça vous intéresse finalement ? Qu'est-ce que vous pourriez répondre ? Y a une chanson de Souchon qui parle de ça... 

Je vous demande finalement pas de répondre. Je vous demande de vivre. D'être heureux. Et de jamais arrêter d'écrire, s'il vous plaît. Votre voix elle est belle même cassée, même brisée, même fumée. 

N'oubliez pas qu'on vous aime,

Romane  G.

vendredi 15 juin 2012

La frustration du jour.

Pourquoi je sais pas dessiner ? Si je savais dessiner, je pourrai mettre sur le papier tout ce que j'ai dans la tête. Et je pourrai rendre tellement de gens heureux (ou malheureux), bien plus qu'en écrivant. Les gens lisent plus, ça prend du temps et puis c'est fatiguant. Si je savais dessiner, je pourrai leur montrer des jolies choses... comme cette petite fille qui, l'autre jour, a loupé trois arrêts de bus rien que pour avoir une coccinelle égarée dans sa main. Ensuite, prudemment, elle est descendue. Elle l'a laissé s'envoler et puis elle a souri. J'aurai pu dessiner ça.
Et puis, j'aurai pu dessiner la mort de mon chat. Au moins ça resterait pas dans ma tête, comme ça. Je pourrais dessiner le monde tel que je le voie.

La photo c'est pas pareil, les films c'est pas pareil. Là c'est de la construction, de la fiction. Bien sûr on attrape l'instant mais dans ces cas-là c'est beaucoup trop neutre. Moi je voudrais que les gens voit certaines choses à travers mes yeux, pour qu'ils se rendent compte à quel point c'est beau, laid ou drôle. Sempé il avait réussi ça. Joann Sfar aussi. 

Sfar y a pleins de choses je sens que je suis pas d'accord avec lui. Dans l'esprit, je me sens beaucoup plus proche de Larcenet. Mais Sfar c'est le premier maître. J'lui ai écrit ça, mais il m'a répondu merci et il s'est pas rendu compte. Ils se rendent pas compte ce qu'ils changent en nous. Vous voyez, quand on dessine, on fait des impressions très fortes sur les gens. 

Moi j'écris et je raconte. J'ai bien choisi mon époque, tiens. 

mercredi 6 juin 2012

Ici la nuit.




Au milieu de la débauche noire, des courtisanes enveloppées de draps pourpres, mes pas de velours se glissent et l'admiration surpasse le dégoût. Les coupes d'or sont renversées, les têtes aussi, dans le sommeil  gourd de l'alcool. Rimbaud et Verlaine sont là; au dessus du bassin d'absinthe leurs visages sont effrayants. Ce qui peuple leurs esprits se reflète dans le liquide vert : fantômes, esprits, regrets mortels et autres chimères à mille têtes, à mille couronnes de feu et de sang. Ils sont loin de tout, ici tout est loin de tout, ici... 

Ici la nuit, la nuit noire des crises d'angoisse et du passé imaginaire. 

dimanche 3 juin 2012

De rouille et d'os.


Alors. Nous sommes 24h après, très exactement. A chaud, j'étais incapable d'expliquer si j'avais aimé ou pas ce film - c'était la première fois que je voyais un Audiard, peut-être que je n'étais pas préparée. Peut-être que j'ai été la seule, dans la salle, a être surprise par l'extrême violence de certains passages. 
La violence, omniprésente et... très belle. Le mélodrame, présent mais... masqué par une mise en scène formidable. Bon, je laisse de côté les phrases énigmatiques et vais tenter de savoir si j'ai aimé ce film, et si je le conseille. 

L'histoire. Pas banale, mais qui pourrait correspondre à un scénario américain. Je ne crois pas qu'elle soit l'essentiel du film. 
Autre chose, alors. Les personnages... oui, les personnages sont bien. Marion Cotillard ne m'a pas convaincue, je la voyais toujours derrière le personnage - on se dit "qu'est-ce qu'elle joue bien" mais ça, on n'est censé ne le penser qu'après. Par contre Matthias Schoenaerts très bon, très très bon - peut-être que j'ai été aidée par le fait que je ne le connaissais pas - en tout cas, je l'ai trouvé très bien. Oui, les personnages, tous les personnages sont intéressants, bouleversants. La soeur, le fils, le "patron" des combats de rue du héros... ils m'ont tous emportés (même Marion, allez, à quelques moments).
Et puis la mise en scène, ah ! La mise en scène et l'image sont excellentes, je pense qu'elles portent vraiment le film. Chaque instant ou presque est beau - j'en ai tellement en tête, ça serait trop long à raconter. 

Bon, donc ce film est à voir, oui. Mais attention ! Il faut savoir qu'on va souffrir - ce n'est pas un film de détente. Il faut savoir qu'un quart d'heure environ avant la fin se passe un évènement totalement inattendu, et au cours duquel j'ai pleuré d'une angoisse incontrôlable (bon en même temps, je pleure devant Dr House). 
Il faut savoir tout ça, et se lancer comme lorsqu'on se décide à faire un trois fois 500 m : la concentration est totale, la souffrance pointe, mais on lâche rien. On en ressort bouleversé pour plusieurs heures, et on ne regrette rien.

Moonrise Kingdom.


Le speech laisse à désirer, et en le lisant rapidement parmi d'autres, l'idée ne m'est même pas venu que je pourrais aller voir ce film. Une semaine plus tard, dans Le Monde magazine (que j'avais pris pour La Route, que je n'ai quant à lui toujours pas vu), je tombe sur une interview de Wes Anderson. Comme un inculte, je me rends compte que c'est lui qui a fait Fantastic Mr Fox. Cumulant ainsi tous les clichés du mauvais spectateur, je me rends au cinéma afin de voir Moonrise Kingdom, pour son auteur et non pour son histoire.

Bien m'en a pris ! J'ai ri, j'ai souri, j'ai pu apprécier des personnages interprétés par des acteurs américains que l'on redécouvre (en particulier Bruce Willis, ce type peut décidément tout faire), bref : c'est un très bon film.
Les images aussi... moi, la fétichiste de l'image au cinéma, j'ai été gâtée. Anderson possède un univers très particulier, jaune et doux, on croirait des photographies vintage, presque... oui, presque des peintures de Hopper.

Et puis, le scénario est tout à fait amusant. Comme dans Mr Fox, des stratagèmes, des histoires d'amour qui marchent plus ou moins bien, de l'amitié aussi - et parfois j'ai pensé aux Enfants de Timpelbach (le livre, pas le film). La musique enfin - mélancolique, légère et correspondant parfaitement à l'univers des années soixante, sur une petite île perdue, de ce film joli, joyeux, amoureux.