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"Il ne faut pas juger les gens sur leurs fréquentations. Juda avait des amis irréprochables." VERLAINE*

dimanche 13 octobre 2013

Twin Peaks (film), David Lynch - impressions sorties tout droit des entrailles.

J'écris ici parce qu'hier soir, pour la deuxième fois de ma vie, j'ai été en colère contre le cinéma. Mais pour la première fois j'étais en colère et fascinée. Eh oui, j'ai vu Twin Peaks

Le film, pas la série (que je commence dès ce soir). Ca change tout parce que le film est beaucoup plus dense, à ce qu'on m'a dit, que la série. J'espère bien. La seule fois où je m'étais sentie aussi oppressée c'était pour le dernier Audiard, De rouille et d'os. Un film bien, en tout cas marquant pour ma part puisqu'il m'arrive d'y repenser et rarement de façon péjorative. Mais je me rappelle surtout de ce moment où, coincée sur mon siège, je m'étais mise en chialer quand le gosse se retrouve piégé sous la glace. La scène était construite très classiquement, avec des plans rapides, terrifiants, "claustrophobants"; une scène longue, plus longue que le temps du récit histoire de te faire bien paniquer. Classique. 

Eh ben Twin Peaks c'est un peu cette sensation de suspense horrible pendant deux heures. Pas le suspense des films d'action, celui durant lequel on ne doute pas que le héros va s'en sortir (et les rares fois où il ne s'en sort pas c'est un tel choc... RIP Dumbledore). Ici c'est plutôt qu'on ne doute pas que ça va aller de pire en pire. 
C'est la descente aux enfers progressive - d'une très belle façon bien sûr (c'est Lynch quoi). On s'enfonce progressivement dans les limbes de son univers fou, terrible. 

Vous voyez, j'en parle comme si ce film était génial. Parce qu'il est génial bien sûr ! 

Alors pourquoi j'ai voulu me sauver en courant ? Pourquoi j'ai pleuré, paniquée, une fois le film terminé ? Pourquoi j'en ai voulu à Lynch, lui parlant entre mes sanglots dans un délire proche de celui du personnage principal ? 

On y arrive : ce film m'a si profondément touchée, m'a si profondément parlé qu'il m'a fait peur. C'est une réaction classique quand on va chez le psy et qu'il vous dit quelque chose de vrai sur vous que vous n'aviez absolument pas envie d'entendre. A ce moment là vous vous débattez, vous mettez en colère, pleurez. Et puis vous réfléchissez et putain, merde, c'est vrai. C'est vrai et c'est pas si grave. 

Et ben voilà, ce film là c'était ça. Et c'était terrible de s'identifier autant à Laura Palmer, pleurnicharde paumée qui prononce uniquement des phrases philosophico-tragiques. Et qui, accessoirement, se fait tuer par son père.

J'étais en colère aussi parce que ce qu'il avait fait là, c'est ce que je croyais vouloir faire. Et je me suis rendue compte que je n'avais pas envie de ça. Pas envie de faire ça aux gens. Et j'ai cru que ça signifiait la fin de mon envie de cinéma. 

En fait, non. Je sais juste que pour l'instant, je n'irai pas aussi loin que lui ou en tout cas pas de la même façon et c'est tant mieux. Je sais juste que je suis toujours du côté de Sfar : raconter des histoires, si possible qui veulent dire quelque chose. Je sais que je suis toujours du côté d'Astier aussi. Bref. 

Je crois que je suis toujours en colère contre Lynch, je lui en veux de toujours faire ça, d'avoir fait ça; d'avoir en lui cet univers si étrange, fascinant et effrayant. Je lui en veux de m'imposer (alors que c'est moi qui me l'impose) ses délires. Je préférais Tim Burton, c'était plus facile. Et j'avais préféré Saylor et Lula, et Mulholland Drive. Mais je lui suis aussi reconnaissante parce qu'il fait des choses si belles aussi parfois. Même dans Twin Peaks

C'était très étrange, en dix jours, de finir la série Soprano, de voir La Reine Margot, de voir Twin Peaks. Ca symbolise peut-être les trois pôles me tiraillant ces derniers temps. Et en même temps lire du Malraux. Et avoir tout ça mélangés en même temps et réussir à dormir, je vous le dis, c'est un miracle. 

dimanche 11 août 2013

Les vieux.

Vieillir, on se dit tous que ça nous arrivera pas. Je doute que mon grand-père s'était imaginé qu'il finirait ainsi, à ne plus pouvoir se mouvoir sans avoir mal, à ne plus pouvoir se pencher. Moi j'avais toujours pensé que ces grands-parents là mourraient en voyage, parce que c'était ainsi qu'ils étaient depuis la retraite : aux quatre coins du monde sans arrêt, à bouger toujours, toujours occupés, toujours la forme. Pas toujours.

Maintenant la vieille est en maison comme on dit, elle ne dit plus un mot et elle marche de long en large dans le couloir je la vois demain me reconnaîtra-t-elle ? Chez le vieux, il y a désormais sa photo à elle, sur la table basse devant la télé. C'est une photo de quand elle parlait encore, c'est au Vietnam. Et devant, le vieux a mit une petite horloge.

Une petite horloge en plastique rose qui égrenne les minutes que je vois passer lentement quand je vais le voir. Cette horloge, placée juste devant la photo, c'est comme un clin d'oeil assassin (du temps, de la mort qui tarde à venir, de ma jeunesse à moi qui vient le moins possible ?) que le vieux a mis tout exprès. C'est l'humour jusqu'au bout, c'est bien l'humour de notre famille ça.


lundi 29 juillet 2013

D'un projet à l'autre et sans satisfaction.

Alors bon, voilà, Sciences Po c'est bon. Je me rappelle ma façon de penser à cette école il y a deux ans, un an et il y a quelques mois encore. Ce sentiment de découragement parfois éloigné par des pointes d'orgueil et souvent par cette détermination féroce, un peu folle. Enfin il y a eu la satisfaction d'avoir réussi, c'est vrai après tout ce temps ça faisait du bien. 

Et tout recommence. J'ai un nouveau concours à préparer. C'est dans deux ans. Et j'ai l'impression d'être de nouveau en seconde quand je glanais des informations sur Sciences Po et le concours, quand c'était quelque chose de si éloigné que ça ressemblait à un rêve, inatteignable. Quand le concours, avec ses épreuves et son pourcentage d'admission, m'apparaissait comme un monstre, le Cerbère de la réussite. 

J'ai deux ans pour apprendre à savoir écrire sur le cinéma. A savoir le comprendre, l'apprécier, le faire. Il ne s'agira plus d'écrire trois lignes ici sur le dernier film que j'ai vu. Analyser l'image, le son, le scénario, comprendre l'oeuvre dans son ensemble, ne pas dire de conneries et si j'en dis, les défendre jusqu'au bout. 

Cette dernière capacité, on peut compter sur Sciences Po pour me l'apprendre. 

mercredi 10 juillet 2013

Au bonheur de lire


Pas de la même trempe que ce tas de larbins foireux ! Telle était ma conclusion au sortir d'un accrochage sérieux avec l'un des chefs. Et surenchérissant dans mon langage, j'ajoutais mentalement : 

"Bande de sales pouilleux que vous êtes tous, vous ne vous doutez pas de quoi je suis capable. Attendez seulement que l'occasion me soit donnée de prouver ce que je vaux en réalité et ce jour-là, chef ou pas, je vous ferai avaler mon foutre si ça me chante ! Il y a belle lurette que j'ai bifurqué sur la voie de garage presque sans m'en apercevoir moi-même. Sur ce, bon voyage, et ne m'en veuillez pas de vous quitter si tôt, mais j'ai un rendez-vous de la plus haute importance à la septième borne astrale avec un dénommé Schopenhauer le Misogyne, un nouveau pote à moi qui aurait tendance à se payer la gueule du monde avec ce grain d'humour impénétrable que j'apprécie tant. 
Bonsoir. "

"


Louis Calaferte, Septentrion

dimanche 9 juin 2013

Maux de tête et rencontres imaginaires.

Il n'y aura pas mon nom sur cette liste, non. Peut-être aussi qu'il n'y aura jamais mon nom au bas d'une affiche et au début d'un générique. Peut-être que je ne ferai pas ça, peut-être que je ne ferai rien de ma vie, du moins ce rien tel que je le conçois aujourd'hui. 

Mais mon nom est déjà à la fin d'un petit "clip" qui sera bientôt en ligne les amis, très bientôt ! J'ai eu un aperçu du site ce week-end et c'est vraiment sympa, j'espère que ça va marcher. 

J'écris plus trop ici parce que j'ai pas le temps, parce que je suis dans un mood tendance je-raconte-ma-vie-en-mode-14-piges donc bon, je tente de calmer mes mauvaises ardeurs. Mais je voulais quand même laisser un petit mot ce soir. 

Et même du coup tiens, je me dis que je vais vous mettre ça : la suite des aventures avortées de mon héroïne avortée, avec des héros très grands que j'aime beaucoup dedans. Bisous ! 


Milan Kundera n'est pas mort. Pourtant c'est bien lui qui se trouve devant Marie, à cet instant même. Après tout, quelle loi pour les rêves (même les rêves d'apprentissage) impose que le maître soit mort ? Marie cherche bien, elle ne trouve pas.
Milan Kundera fume une cigarette blanche, sans marque. Il est au soleil et sourit. Marie n'ose pas trop lui parler. Quelqu'un de vivant dans le monde réel est beaucoup plus intimidant en rêve...
Milan Kundera finit par se tourner vers la jeune fille. Il ne sourit plus et pointe un doigt accusateur, chez lui c'est tout un symbole. Marie se sent aussitôt prise en faute, alors elle parle très vite.

- Je voulais votre avis sur la musique, j'en ai besoin pour comprendre... mais je peux partir, si vous le souhaitez.
- Mon avis sur la musique...
- Dans le roman. La musique dans le roman.

Kundera se remet à sourire. Il lui désigne l'un des fauteuils de rotin dormant à l'ombre d'un olivier, lui sert une orangeade puis s'assoit en face d'elle, la fixant droit dans les yeux. Il la scrute ainsi pendant un long moment et elle n'ose pas parler, elle n'ose même pas le contempler en retour. Marie a perdu beaucoup d'assurance depuis sa rencontre avec Matisse. La suite de sa nuit n'avait pas été de tout repos et entre courses-poursuites dans les couloirs de Beaubourg et fantasmagories teintées de bleu-nuit, elle n'est déjà plus vraiment la même qu'à son assoupissement.
Le romancier prend enfin une feuille, un crayon à papier taillé finement, et commence à tracer non pas des mots mais des schémas. Trois schémas faits de cases, de flèches précises et légendées. Marie est un peu rassurée, elle aime bien les choses carrées, organisées. Elle suit avide le mouvement de la mine sur le papier grisé par l'ombre en buvant de petites gorgées d'orangeade. Elle sent renaître en elle le désir de comprendre, elle sent l'impatience finir par se dresser avide, prête à tout gâcher.

- Alors ? Finit-elle par lâcher et elle s'en veut aussitôt. Mais l'homme est indulgent, la musique et le roman c'est son sujet préféré.
- Regarde.

Il lui tend la feuille.

- Tu vois ? Beethoven, moi musique, moi écrit. Pareil. La structure, c'est là le point commun. La structure ! On compose un roman comme on compose une symphonie et chaque phrase est une note, chaque chapitre est une phrase musicale. Certains mots parcourent mes récits comme un thème musical : légèreté, kitsch, machisme...C'est aussi simple et complexe que cela.

Quelqu'un éclata de rire derrière Marie. Elle se retourna brusquement. Un être grand, frêle et moustachu se tenait appuyé sur une canne. Il semblait à la fois extrêmement fragile et hautain. Marcel Proust s'avança doucement sous l'olivier et prit un fauteuil sans permission. Kundera sourit toujours avec indulgence, Marie se sent/se sentit outragée (et voilà que son rêve mélange présent et passé, sou cerveau doit décider qui se meut à quel temps : elle au présent, Proust au passé). Marcel sentait l'extrême droite de l'Action Française et l'intelligence fine du grand auteur qu'il fut. Il prit un verre d'orangeade et s'installa confortablement.

- La musique dans le roman n'est pas une question de structure. D'ailleurs je trouve ce sujet ridicule. Musique et roman n'ont absolument rien à voir.
- Pourquoi, dans ce cas, avoir décrit une sonate imaginaire ? Demande doucement Milan Kundera.
- C'est différent. La sonate de Verneuil possède un but purement expérimental, de même que la madeleine. Je cherchais à décrire ce qu'un homme peut ressentir à l'écoute de la musique. Swann ressent d'ailleurs bien plus lorsque résonne cette petite phrase musicale, son amour est bien plus fort et durable que celui qu'il ressent pour Odette de Crécy.
- Mais monsieur, intervient timidement Marie, au final on arrive au même résultat : le roman se retrouve mêlé à la musique, il décrit et vit la musique.
- Peut-être, si tu veux. Mais je crois que ce n'est pas forcément ce que je voulais. C'est l'humain qui m'a intéressé. Or l'humain sans madeleine, sans enfance, sans amour et sans musique, ça n'a plus rien d'humain. Alors il a fallu que j'introduise la musique, de la même façon qu'il a fallu que j'introduise et analyse tout le reste.

Marie trouve cela très décevant de la part de l'un de ses auteurs favoris. Elle sait qu'elle n'apprécie pas beaucoup Marcel Proust tel qu'il lui apparaît mais elle aurait souhaité qu'il ne fut pas si froid avec son oeuvre. Alors elle a envie de se venger et lui expulse quelque chose à la figure, qu'elle espère aussi vexant que si elle avait osé lui jeter son verre de jus sucré au visage.
- Vous aimiez la musique pourtant, vous aviez plein d'amis musiciens.
Proust n'eut pas le temps de se justifier (il avait effectivement l'air agacé) qu'un ricanement s'éleva à nouveau, cette fois au dessus de Marie.

Pourquoi Boris Vian se tenait-il soudain là, perché sur une branche fine d'olivier, un verre de scotch à la main ? Que faisait-il ici ? Marie l'ignore, et elle hésite entre l'enchantement d'une telle rencontre et l'agacement de son caractère impromptu. Vian entre Kundera et Proust ? Quel rapport ?

- La musique, répondit-il de son ton agressif et sarcastique. La musique dans le roman, qu'est-ce que tu crois ? C'est moi qui l'incarne le mieux.

Les deux vieux s'esclaffent ou plutôt Kundera s'esclaffe, Proust s'esclaffa. Mais Vian ne se démonta pas et s'alluma un petit cigare (cela sentait les caves de Saint-Germain). Son visage était lisse, pâle, à la fois provocateur et timide, mais il savait ce qu'il valait.

- La musique est aphrodisiaque. Elle participe à la sensualité violente de J'irai cracher sur vos tombes, et...
- Encore J'irai cracher sur vos tombes ! S'amuse Kundera. Vous pourriez être fier d'un autre roman, quand on sait que son adaptation cinématographique (sa mise en image et en musique, donc) vous a tué.
- Très drôle, répondit agacé le musicien. Parlons d'un autre alors. L'écume des jours.
- Chloé, Duke Ellington, murmure Marie.

Vian lui tendit la main d'un air appréciateur, défiant les autres du regard.

- Voilà, merci ! Je savais que je devais venir. Chloé est un véritable et magnifique morceau de jazz et il donne tout le ton du roman. Il annonce le bonheur des héros et leur tragédie. Il résonne à chaque moment important du récit. Mes romans sont bien plus musicaux que les vôtres parce que la musique est en filigrane, elle se glisse dans l'inconscient du lecteur comme le décor, comme le physique des personnages. Et comme ces deux derniers éléments elle est indispensable à la vie de mes histoires.
Silence. Proust s'était aussi alumé du tabac, une pipe étroite et gravée. Marie les regarde, ses trois maîtres-auteurs, ces trois hommes qu'elle aime et craint et déteste un peu aussi pour ce qu'ils ont pu être ou ce qu'ils sont. Tout trois fument et la fumée grise de Kundera, la fumée blanche de Proust et celle, bleutée, de Vian se mêlent pour ne plus former qu'une pensée à la fois confuse et très nette.
Soudain Proust et Vian entendirent, Kundera et Marie entendent une lointaine cacophonie, comme un brouaha produit par un vieux microphone. Ce son étrange se rapproche, se rapprocha et Marie entend un cri venant du ciel.

- Excuse me but I was the first to really introduce music in roman... On the road is a rythmic story, don't you think ?

C'était Jack Kerouac qui, du haut d'un petit avion, criait son désaccord. Une autre voix se fit entendre, c'était Marguertie Duras qui était un peu vexée : « Et Moderato Cantabile, alors ? Et Le ravissement de Lol V. Stein ? ».


Puis une autre encore et toutes prétendent être la véritable incarnation de la musique dans le roman et Marie comprend soudain que ce rêve, parmi tout ceux qui peuplent la littérature, demeure le plus étrange et l'un des plus convoités. Elle comprend qu'il existe mille manière de mêler littérature et musique et que cette nuit elle en a appris trois, après tout elle est juste là pour ça. Les cris augmentent de volume et de nombre, elle ne peut plus réfléchir et tout disparaît à nouveau. Elle est portée un peu plus loin dans ses pensées vagabondes, un peu plus loin dans cette nuit interminable.  

dimanche 5 mai 2013

L'écume des jours, Michel Gondry d'après Boris Vian - Ca aurait pu être pire.


Ça faisait un an qu'on attendait ce film, je me rappelle encore l'année dernière quand, sur Twitter, Gad Elmaleh avait posté la première photo de tournage... les sentiments qui sont nés ce jour là ont été alimenté par une série de bonnes, de mauvaises nouvelles : casting (trop) explosif avec entre autres -je cite le moins remarqué, Alain Chabat dans le rôle génial de Gouffé- Audrey Tautou dans le rôle de Chloé (et ça ce fut vraiment la pire annonce, mes proches durent ensuite me supporter acariâtre et blasée pendant des semaines), l'ajout d'inventions appartenant à d'autres romans... 

Mais bon c'était Michel Gondry, et puis c'était Boris Vian, et puis c'était L'Ecume des jours, mon roman de chevet depuis mes douze ans. Alors quand même, je ne pouvais pas rater ça. En outre, ce fut carrément l'occasion de mon retour dans les salles obscures après quatre mois d'abstinence involontaire ! Ce fait est très important car je suis forcément contente - j'aurais pu l'être même en ayant vu la pire bouse de l'année. J'étais dans une salle de cinéma, devant un grand écran à contempler le fruit d'un travail s'étalant sur des mois et revenant à de nombreuses personnes. 



Et en fait, c'est ça qui frappe en premier quand on regarde L'Ecume des jours. Le travail fourni. Les mecs se sont lâchés ! Ils se sont dit "c'est Boris Vian, on fait tout ce qu'on sait faire". Contrastes violents (avec par conséquent un côté Andersen qui m'a presque plu), utilisation abusive du stop-motion et des marionnettes... 

Une scène complètement ajoutée qui est l'exemple typique du trop.
C'est con parce que y avait vraiment tout ce que j'aime, tout ! Mais à trop forte dose. Gondry s'est laissé prendre au piège, il s'est laissé avoir par Vian comme un bleu. On ne demandait pas une restitution complète (et même plus que complète puisque Gondry rajoute ses propres délires) de l'univers, juste une restitution cinématographique. Pour la première partie du récit, je crois que c'est raté. Quelques scènes tout de même sont très chouettes... la sortie de l'église après le mariage, et... c'est tout, en fait.

Pour la première partie. Parce qu'après, ça va mieux. 

Déjà parce qu'on laisse plus de place aux comédiens. Enfin ils ont l'opportunité de jouer leurs personnages, d'être beaux, laids, expressifs, pathétiques. Et puis Gad Elmaleh était très bon, Omar Sy également, et même Charlotte Le Bon (dans le rôle d'Isis) ! Mieux : Audrey Tautou m'a convaincue... j'en étais émue toute seule.  
Les personnages de ce roman en sont une clé essentielle comme dans n'importe quelle histoire mais ce n'est qu'à partir du début de la maladie de Chloé (je spoile rien, c'est dans les résumés ET la bande annonce !) que Gondry (et même les acteurs) semblent s'en rendre compte.
Du coup on entre enfin pour de bon dans l'histoire, qui s'assombrit comme les couleurs pour finir sur du noir et blanc. Idée classique ? Peut-être, mais efficace. 

Là c'était pas mal. J'adore mes légendes.

Alors voilà, je crois simplement que Gondry a voulu en faire un peu trop : casting trop, décors trop, pour au final oublier l'essentiel la moitié du temps. Mais ça aurait pu être pire, bien pire. 

Comme par exemple l'adaptation de Au bonheur des ogres qui sortira en septembre prochain. C'est l'adaptation du roman de Daniel Pennac, le premier d'une série géniale racontant les aventures d'un certain Malaussène. J'avais adoré ces romans, eh ben la bande annonce me promet déjà de détester le film. Au moins L'Ecume des jours, c'est pas trop une perte de temps alors si vous avez une petite salle à faire vivre dans votre ville, n'hésitez pas !